Saint-Brieuc, 3 février 2024.

Un statut pour Diwan !

Stéphanie Stoll
3 min readSep 10, 2024

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La nouvelle crise financière que traverse Diwan rappelle qu’il faut aller plus loin dans la reconnaissance de ses missions de service public et doter le réseau d’un statut public régional adapté.

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Une fois de plus les écoles Diwan sont dans la détresse. Son président vient d’alerter les pouvoirs publics et l’ensemble des Bretons que le réseau recherche de toute urgence 500 000 € pour renflouer la trésorerie.

Est-ce l’Histoire qui se répète ? Est-ce le nouvel épisode d’un interminable feuilleton ? Personne n’a jamais tenu le compte des mobilisations populaires ou des pièces de un franc collectées à l’entrée des festoù-noz. Personne n’a dressé la liste des manifestations pour défendre Diwan. En cette rentrée 2024, le souvenir de la celle du 22 mai 2021 à Guingamp reste vif.

Aussi vif que la promulgation de la loi Molac amputée de deux de ses articles — ceux sécurisant juridiquement l’immersion et l’usage du ñ dans l’inscription des noms et des prénoms à l’état civil. Ces deux dispositions avaient été votées tant par le Sénat que l’Assemblée Nationale, leur donnant une légitimité inédite. Inédite car les parlementaires de la France entière, conscients de l’enjeu et du symbole, l’avaient votée massivement et en personne, en dépit de l’opposition invétérée du ministre de l’éducation. Ainsi la loi fut approuvée par 80% des suffrages exprimés, largement au-dessus du seuil exigé quand les deux chambres se réunissent à Versailles pour modifier la Constitution.

Il faut croire qu’une si forte légitimité démocratique peut déplaire en haut lieu. On connaît la suite. Le ministre de l’éducation pilota un recours constitutionnel et les neufs juges du Conseil Constitutionnel — neuf, pas un de plus — aveuglés par le fantasme que ce petit tilde et qu’une méthode pédagogique permettant aux élèves de maîtriser aussi bien la langue française que la langue bretonne, mette en péril la République, ces neuf juges censurèrent la loi sans guère étayer leur décision.

Les contorsions juridiques déployées pour permettre le maintien de l’enseignement immersif ont permis de calmer le jeu. Mais l’insécurité des moyens de Diwan reste une épée de Damoclès dont la pointe, épisodiquement, se rapproche et rappelle le péril.

Si la République tient réellement à assurer la transmission de son patrimoine linguistique, il est temps qu’elle dote Diwan d’un statut juridique à la hauteur de l’enjeu. Il ne s’agit ni plus ni moins que de la volonté politique de donner un avenir à la langue bretonne. Après tout, notre Code de l’Education dispose déjà de statuts particuliers pour les établissements de l’enseignement agricole ou maritime, mais également l’enseignement de la musique, de la danse, de l’art dramatique, l’enseignement du sport, les établissements français de l’étranger, les écoles européennes présentes sur le sol national, les internats d’excellence, ou encore les écoles régionales du premier degré avec internat. On le voit, au bout du compte, la liste est longue. En Bretagne, la population et un grand nombre de collectivités locales prennent leur part depuis plusieurs décennies. Bon an, mal an, l’Etat accompagne le mouvement. Il est temps qu’il se défasse de ses néfastes fantasmes, qu’il abandonne ses œillères et qu’il permette de doter l’enseignement immersif du breton d’un statut public régional adapté.

> A retrouver en intégralité dans Le Télégramme du 13 septembre 2024 et en résumé dans Ouest-France du 10 septembre 2024

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Stéphanie Stoll

conseillère régionale débutante, petite rapporteuse, hag all…